Au cours du colloque de la Fédération des associations
Femmes et Libertés ( F.A.F.L ), le 6 décembre à Paris,
une partie des interventions a porté sur la situation économique
nationale à la lumière notamment du récent rapport
Camdessus constatant le décrochage économique de la France
lié à un déficit de travail et à niveau
de dépense publique record. L’approbation enthousiaste
de la politique gouvernementale des uns contrastait avec la profonde
déception d’autres ( blocages persistants dans les domaines
de la croissance, du marché du travail, du fonctionnement de
l’État, du dialogue social ).
Vers la fin d’une certaine Europe
Une partie des interventions concernait trois évènements
européens principaux intervenus cette année.
L’élargissement de 15 à 25 États
membres
Il s’agit, depuis le 1er mai, d’un fait acquis. Au 1er
janvier 2007 la Bulgarie et la Roumanie devraient également
intégrer l’Union. Dans ce dernier pays les récentes élections
présidentielles ont enfin permis l’effacement d’une
partie des héritiers du régime communiste de Ceausescu,
mais le niveau de la corruption et la dépendance de la justice
et de la presse risquent de compromettre l’entrée à la
date prévue.
Le
traité constitutionnel
Sa ratification est prévue par référendum à la
mi-2005, après modification de la Constitution par le parlement
en congrès.
La probabilité d’une approbation a été renforcée
par le résultat positif de la consultation interne du parti
socialiste, mais hypothéquée par la perspective de l’entrée
de la Turquie dans l’Union ( dire non à la Constitution
sera le seul moyen de dire non à l’entrée de la
Turquie ). Les arguments en faveur de l’approbation se résument
en l’espoir d’une Europe plus démocratique ( pouvoir
du Parlement étendus, droit d’initiative des citoyens,
transparence des travaux du Conseil, du principe de subsidiarité mieux
garanti ), plus efficace ( décision à la majorité de
55% des États représentant 65% de la population, présidence
de Conseil pour 2 ans et demi, institution d’un ministre des
affaires étrangères, Commission plus réduite
), plus proche de l’attente des citoyens ( politiques de coopération
renforcées dans certains domaines, clauses de défense
mutuelle et de solidarité ).
L’entré de la Turquie dans l’Union européenne
C’est le sujet qui divise. Selon les derniers sondages 67% des
Français sont opposés à l’adhésion
de la Turquie ( 85% des sympathisants de l’UDF, 71% de ceux
de l’UMP, 61% de ceux du PS ). Cependant notre gouvernement " démocratique " a
concédé un débat sans vote à l’Assemblée
Nationale et le Président de la République " dont
le vœux le plus cher est que la Turquie adhère " a
différé la consultation des citoyens vers 2015 ou 2020
au terme des négociations d’adhésion décidées
le 17 décembre 2005 ( toutes les négociations précédentes
ont abouti ).
Il s’agirait d’intégrer, notamment par l’injection,
déjà commencée, de milliards d’euros (
6 à 9 milliards €/an pour la seule agriculture en 2015
), un pays de 71 millions d’habitants ( 90 en 2025 soit alors
plus de l’Allemagne ) dont 15 à 20 de kurdes ( ethnie
appartenant au groupe iranien ) très éloigné des
moyennes européennes ( PIB par habitant 4 fois inférieur,
13% d’analphabètes, production de 2 % de la richesse
de l’Union pour 15% de la population ).
Les partisans de l’adhésion de la Turquie affirment qu’elle
renforcerait la paix et la sécurité parce qu’elle
permettrait l’enracinement de la démocratie et des droits
de l’homme et qu’elle favoriserait le développement économique
et social.
Mais la Turquie n’est européenne ni par la géographie,
ni par la sociologie. Sa civilisation est étrangère
aux fondements gréco-romains et judéo-chrétiens
de l’occident.
Originaire d’Asie centrale les peuples turcophones ( 150 millions
d’asiatiques actuellement ) ont migré vers l’ouest
depuis un millénaire et ont envahi le territoire actuel depuis
le XIe siècle avant de prendre Constantinople en 1453 et de
fonder l’empire ottoman. L’émigration vers l’ouest
se poursuit ( 3 millions de turcs en Europe, 326000 en France ). Depuis
1974, La Turquie occupe une partie d’un pays de l’Union,
Chypre. La reconnaissance du génocide des arméniens
( chrétiens ) en 1915 s’impose par la loi en France,
mais constitue un délit en Turquie. Il est, bien sûr,
politiquement incorrect de constater que 99% des turcs, actuellement
dirigés par un parti islamique, sont des musulmans qui s’ajouteront à leurs
coreligionnaires arabes déjà installés ( et électeurs
) en Europe. L’islam serait-il soluble dans la démocratie
?
L’entrée de la Turquie, logiquement appuyée par
les USA en vue de dissoudre l’Union européenne, rend
impossible son unité politique et marque la fin de l’espoir
d’une communauté de destin, d’une Europe qui a
un projet et une civilisation à défendre.
Dans cette logique, l’Europe se limite à une vaste zone
de libre échange frontalière des zones les plus dangereuses
( Syrie, Iran, Caucase ), et obéit à la logique de l’extension
perpétuelle ( Maghreb, Israël, Palestine, etc.. ). C’est
le vœu de ceux qui n’ont jamais voulu de l’Europe.