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mise à jour le: 11/11/2007 à 22:44 |
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François Bayrou : Comment gouverner sans majorité ?
M. Bayrou monte dans les sondages (mais 45% des français
n’ont pas encore décidé de leur vote à la présidentielle).Il a su pour
l’instant rassembler des mécontents : les centristes de droite qui ne se
sont pas ralliés à Nicolas Sarkozy et surtout ceux que la campagne menée
par la candidate socialiste déroute. Ce vote en sa faveur, s’il devenait
effecti, serait pour certains un choix négatif.
Mais une fois élu, avec qui M. Bayrou va-t-il agir ?
Pour gouverner, tout exécutif a besoin d’un soutien. Dans les
dictatures, ce soutien c’est l’armée, les services secrets. Dans les
démocraties, c’est la majorité parlementaire qui permet de proposer et
de discuter les textes de lois, de les voter et de permettre leur mise
en application.
Quelle majorité parlementaire aurait M. Bayrou s’il était élu ?
M.Bayrou répond que comme par magie, le peuple français, l’ayant élu, va
ensuite porter au Parlement des députés qui se rallieront au programme
que le nouveau Président et son gouvernement, désigné dix jours après,
leur proposeront.
Double illusion :
D’une part, il est impossible que se déroule un tel scénario en si peu
de temps, les élections législatives étant fixées aux 10 et 17 juin,
soit au maximum trois semaines plus tard.
D’autre part, il faut se rendre compte que les élections législatives se
font circonscription par circonscription. Chaque candidat député doit,
pour gagner, avoir un ancrage politique local dans sa circonscription.
C’est pourquoi les candidats soutenus par un parti ont été désignés
depuis plusieurs mois, et travaillent activement au plan local à faire
gagner leur camp.
On voit mal dans ces conditions, comment de nouveaux venus dans les
circonscriptions, se déclarant au dernier moment du parti de M. Bayrou,
pourraient en quelques semaines faire une percée décisive dans leur
circonscription, au seul motif d’être adoubés par le nouveau
Président de la République et ce, contre des candidats tant à droite
qu’à gauche, intronisés par les partis de longue date, et disposant pour
l’essentiel d’entre eux d’une base politique locale solide. Une victoire
législative de leur camp leur permettrait de gouverner quand même sur la
base de leurs programmes.
Les Français, ne sont pas si versatiles que M. Bayrou veut le faire
croire, et nombre de députés issus de grands partis, notamment UMP et
PS, seront à l’évidence élus aux élections législatives.
M. Bayrou ne disposerait alors d’aucune majorité pour agir à un
moment où notre pays a un besoin crucial de réformes. On voit mal en
effet les grand partis, alors puissants au plan de la représentation
législative, négocier avec M. Bayrou un accord de gouvernement alors que
celui-ci rejette violemment leurs programmes. On risquerait donc une
crise de régime, ou une alliance de reniement de M. Bayrou le mettant
finalement hors jeu.
Interrogé sur ce problème, M. Bayrou répond que l’exemple allemand
prouve qu’il est possible de rassembler dans un même
gouvernement des gens de droite et des gens de gauche. Il oublie de dire
que cette coalition a été contrainte et forcée et a demandé près de deux
mois de négociations. Mais il y a deux différences essentielles entre
les deux situations :
- Tout d’abord le Président de la République en Allemagne n’a
pratiquement aucun pouvoir et aucune impulsion sur la vie politique de
son pays. La capacité à gouverner est donc là-bas uniquement une affaire
de partis politiques, selon leur puissance, à l’issue des élections
législatives.
- D’autre part, Mme Merkel était à la tête d’un parti, la CDU-CSU, qui
avait obtenu environ 35% des députés au Parlement allemand, et était
donc en situation de discuter avec le parti d’opposition, le SPD,
celui-ci ayant obtenu de l’ordre de 34 % des députés, cela d‘autant plus
que les options de société du SPD étaient nettement moins éloignées de
celles de la CDU-CSU que ne le sont celles du PS par rapport à celles de
l’UMP.
En Italie : M. Prodi, contraint lui aussi de diriger une
coalition de centre gauche, a été renversé au bout de quelques mois, a
dû démissionner et vient de reformer un nouveau gouvernement qui n’est
qu’ un pis aller. M. Bayrou le citait en exemple. Peu
concluant.
M. Bayrou dit pouvoir, seul contre tous, créer de toutes pièces et en
très peu de temps un nouveau parti majoritaire. Comment y croire ?
Anne-Françoise Chenevier
Secrétaire générale
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