Il semble que chacun ait des idées (syndicats, enseignants, politiques)
mais toujours partielles et sujettes à polémique ; la fameuse carte
scolaire en est un exemple.
Choisir son école, oui bien sûr, ce rêve est tout à fait légitime mais
de l’idéal à la pratique il y a le fossé des réalités.
Pour changer la qualité de l’offre éducative il faut d’abord faire le
constat de ce qui est à déplorer.
On dit souvent que l’école publique, l’école de la République est un
facteur de chance pour tous.
L’inégalité des chances vient du fait que l’on naît, pour certains, dans
une famille moins favorisée socialement et culturellement et que l’on
demeure dans une ère géographique moins florissante. Le cumul de ces
deux facteurs pour la scolarité d’un enfant fait qu’il part avec un
handicap certain.
L’agrégat de ces jeunes souvent en difficultés dans un même
établissement pèse lourdement sur la tâche des enseignants. Les mieux
armés d’entre eux s’en tirent avec noblesse, les plus vulnérables
connaissent souvent le découragement, perdent leur motivation première.
Or on comprend bien qu’on ne peut réellement rétablir l’égalité des
chances par un transfert massif de population pour atteindre un niveau
de mixité sociale et géographique parfait.
Le réalisme commande cette évidence : l’égalité des chances est un
leurre mais elle n’en demeure pas moins un idéal pour lequel il faut
trouver d’autres solutions à mettre en place.
Il faut donc tendre malgré tout sans relâche vers cet idéal de justice
sociale, sans relâche, mais sans non plus tout bouleverser, c’est-à-dire
en proposant
des recettes nouvelles et réalistes pour palier ce qui ne marche pas
dans les ZEP comme ailleurs.
Les premières solutions consisteront à
Accorder une large autonomie aux chefs d’établissement,
qu’ils soient garants de la discipline, de l’autorité comme de la
qualité de l’enseignement.
Constituer par niveau ou par discipline des équipes de professeurs très
soudées et solidaires, épaulées d’un véritable leader qui pourrait être
un professeur expérimenté, charismatique, très bien payé, soutenu par sa
hiérarchie, déchargé de quelques heures pour recueillir les doléances de
ses collègues plus fragiles et/ou pour renforcer de sa présence
provisoire active certains cours auprès de ceux de ses collègues qui
rencontrent des difficultés passagères ou autres.
Impliquer et recevoir les familles des élèves en difficulté ou posant
des problèmes le plus tôt possible pour faire le point et proposer un
délai de 2 mois pour de nouvelles rencontres de mise au point.
L’octroi de moyens accrus pour le soutien scolaire individualisé
renforcé dans les établissements qui le demanderaient.
Renouer avec un enseignement exigeant pour tous, élèves de ZEP
oud’ailleurs, tout en respectant des rythmes différents selon les
capacités des uns ou des autres. Le peu mais de qualité vaut mieux que
l’éparpillement de connaissances superficielles ou l’accumulation de
notions mal maîtrisées.
L’école ne doit pas viser la stricte égalité des chances mais
l’excellence pour le plus grand nombre.
A ces solutions il y a trois préalables :
la quasi totale refondation des IUFM afin de vraiment préparer les
jeunes professeurs des écoles à leur futur métier.
la restauration de programmes qui constituent un véritable socle de
connaissances utiles aux études ultérieures et indispensables à
l’acquisition d’une autonomie qui facilite une bonne socialisation dans
le futur de l’élève quel qu’il soit.
l’application de méthodes qui ont fait leur preuve, soit dans le vécu de
ceux qu‘on nommaient instituteurs, soit dans des expériences pilotes
récentes. La liberté qui serait laissée aux professeurs pour les
appliquer puis les soumettre à évaluation concernant leurs résultats au
cours de l ‘année impliquerait une nécessaire désinflation de consignes
de toutes sortes plus dévoreuses de temps que d’efficacité.
Il faut laisser à une très large part des professeurs des classes les
plus réputées le soin d’apporter aux élèves les plus brillants,
boursiers ou non, un enseignement d’un niveau élevé.
Sauvegardons ces établissements où les plus doués ne s’ennuient pas et
connaissent l’émulation nécessaire pour affronter des préparations
supérieures universitaires ou de grandes écoles de prestige.
Sinon, comment former une jeunesse performante et stimulante pour ses
paires face aux prouesses des autres pays ?
La France a également besoin d’entraîner ses champions si elle veut
rester compétitive et innovante.
Conclusion :
Il faut avoir le courage de le dire : d’un côté égaliser, niveler, de
l’autre libéraliser totalement, sont des utopies.
Assouplir les règles de la carte scolaire, oui, pour ceux qui le
peuvent. Et qu’on ne pose pas comme argument contradicteur que cela
induira une accessibilité par la sélection. La sélection sur dossier est
déjà la pratique évidente courante. Mais quid des transports, des moyens
financiers pour les familles et des fatigues engendrées par la distance
pour les élèves ?
Pour l’immense majorité des autres, il est urgent de mettre en acte
cette réflexion sur l’amélioration de la qualité de l’enseignement
dispensé, le rôle prééminent du chef d’établissement, la formation des
professeurs, la consolidation des équipes enseignantes, la révision des
contenus des programmes et la libéralisation des méthodes pédagogiques.
L’école de la République, notre jeunesse, en valent la peine. L’école de
nos enfants sera d’autant plus l’école de toutes les chances, qu’elle
aura misé sur la qualité et les meilleurs moyens d’y parvenir.
|