Quelle place pour
l’expérience dans la société française ?
Actuellement, la
société semble plutôt privilégier les hommes et les femmes de 20 à 45
ans. Cela a commencé il y a quelques années, dans le monde de
l’entreprise avec une politique quasi-systématique d’éviction des «
seniors ». Ce mouvement se poursuit aujourd’hui, dans la vie politique
avec un leitmotiv récurrent :faites la part belle aux jeunes.
Certes, la plupart
d’entre nous ont des enfants et souhaitent donc leur voir jouer un rôle
actif au sein de notre société, mais ne tombons pas dans l’excès inverse
qui conduirait à placer les jeunes à des niveaux de responsabilités que
leur manque d’expérience et de maturité mènera immanquablement à
l’échec. Ce que nous venons de vivre avec l’entrée de quelques jeunes au
Gouvernement doit nous interpeller.
Si notre Président, Nicolas Sarkozy, a rappelé pendant sa
campagne électorale que les « seniors « doivent avoir toute leur place
dans notre société, les évolutions récentes ne semblent pas aller en ce
sens. A la convention nationale de l’UMP, le 6 octobre dernier, les
dirigeants du parti ont fait voter une motion visant à privilégier les
jeunes sur les listes de candidats aux élections municipales.
Notre association,
très attentive à toutes les formes de soutien qu’elle peut apporter à la
droite en politique, en particulier dans le cadre de la préparation des
élections municipales, doit sensibiliser les élus sur la nécessité de
défendre la place des 55 ans et plus dans la société civile, l’activité
professionnelle et la vie politique.
Actuellement, l’allongement de l’espérance de vie, de 76,8 ans
pour les hommes et de 83,8 pour les femmes, et la réduction relative du
nombre des actifs militent en faveur d’une place de choix pour ceux que
l’on appelle les « seniors ».
Il ne s’agit plus de défendre le bénévolat des « seniors ». Pour
sauver les systèmes de protection sociale qui reposent sur la solidarité
collective et faire face à la période de transition démographique qui
se profile, l’emploi des « seniors » devient incontournable et
nécessitera une adaptation des modes de fonctionnement des entreprises.
L’allongement des durées de cotisations pour une retraite à taux plein
dans le secteur public comme dans le secteur privé va en ce sens.
N’oublions pas que
la France détient l’un des records d’inactivité des 55-64 ans en Europe
:pour cette tranche d’âge,37,3% des salariés sont encore en activité
contre 69,1% en Suède par exemple, sans parler du Japon ( 77,(% des
hommes et 47,3% des femmes !!!).
Une vague « grise
» s’annonce. L’Insee la chiffre ainsi :en 2005,16,4%des Français ont
plus de 65 ans ;en 2050, ce taux montera à 29%.Cette « séniorisation »
va s’accompagner de multiples conséquences, dont l’accroissement des
inégalités sociales ( entre ceux qui ont un patrimoine immobilier et
financier et ceux qui disposent seulement du minimum
vieillesse) contre lesquelles il conviendra de se mobiliser pour trouver
les solutions adéquates.
Le maintien de la représentativité des « seniors » dans les
structures publiques et politiques se justifie pour les raisons
évoquées ci-dessus mais aussi par l’apport indéniable que représente la
valeur de leur expérience.
Il ne s’agit pas
de défendre une représentation monopolistique des « seniors » avec des
cumuls de mandats comme cela se pratique encore couramment de nos jours
mais bien de leur conserver un rôle équilibré dans une société qui
aujourd’hui considère que la jeunesse est la panacée. La suppression
des cumuls de mandats publics dans l’espace et le temps devrait suffire
pour permettre l’entrée progressive des jeunes dans la vie de la cité.
Ces problèmes ne feront
que prendre de l’ampleur si on n’y remédie pas.
Maud Bailly-Turchi
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