« Ce soir, la France est de retour en Europe ».
Dans sa déclaration de victoire, N. Sarkozy a tiré un trait dimanche 6
mai sur le rejet par la France du Traité constitutionnel européen,
confirmant qu’il allait se mettre à l’œuvre avec les autres
gouvernements de l’Union pour sortir celle-ci de la crise.
Son voyage éclair à Berlin le jour même de sa prise de fonctions puis sa
venue à Bruxelles au siège des Institutions européennes le 23 mai une
semaine après ( une première pour un chef d’Etat français) montrent bien
sa volonté de relancer la dynamique européenne.
« Ma priorité est de sortir du blocage institutionnel ».
N. Sarkozy souhaite que la Présidente actuelle de l’Union Européenne,
Angela Merkel, présente prochainement un texte de compromis que les
Européens pourraient entériner lors du prochain sommet des 21 et 22 juin
prochains.
Eliminant volontairement une nouvelle Constitution, il s’agirait d’un
traité qui amenderait le Traité de Nice de décembre 2005 et serait
ratifié par voie référendaire.
Se voulant réaliste, l’Elysée reprend une dizaine d’innovations :
présidence stable de Conseil européen (ne dure actuellement que 6 mois)
; ministre des affaires étrangères ; personnalité juridique pour l’Union
européenne ; réduction du droit de veto pour permettre à ceux des pays
de l’Union qui veulent avancer de ne pas être bloqués par les autres ;
modification du système de vote en prenant en compte la population, pour
satisfaire l’Allemagne (mais non la Pologne) ; référence à la charte des
droits fondamentaux.
Au nom de la relance institutionnelle, le Président est prêt à différer
ses revendications sur la Turquie. « Pour moi, la Turquie n’a pas sa
place dans l’Union mais je ne vois pas l’utilité de poser cette
question-là alors qu’elle ne se pose pas maintenant et que nous avons du
pain sur la planche ».
Le 26 juin prochain, les 27 devront décider à l’unanimité de l’ouverture
de trois nouveaux chapitres de négociations avec la Turquie. Mais la
France n’y opposera pas son veto car le Président estime que ce serait
influencer la campagne électorale turque. « Le véritable rendez-vous est
en décembre 2007, sur la base du rapport que fera la Commission » a-t-il
déclaré le 28 mai à l’issue d’une rencontre avec le Président du Conseil
italien Romano Prodi.
On peut comprendre qu’il soit inopportun de tout faire tout de suite.
Mais combien de temps faudra-t-il pour convaincre la majorité des
français qu’il est nécessaire de susciter l’émergence, sur la scène
internationale, d’une Europe unifiée, à même de tenir son rang aux côtés
des autres grandes puissances ?
Anne-Françoise Chenevier
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